Comment lutter naturellement contre les pucerons ?

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Les pucerons sont des ravageurs bien connus de tous les jardiniers. Leurs colonies provoquent des dégâts dans tout type de jardins, ornementaux et nourriciers. Généralement nous détestons voir ces hémiptères envahir nos plantes et nous sommes plus ou moins tolérants et patients à ce sujet… Comment lutter contre les pucerons sans bouleverser les populations d’auxiliaires ? Quels sont d’ailleurs les auxiliaires ? Est-il possible de traiter naturellement ? Avec quels produits ? Quels sont les amis des pucerons ? Nous allons aborder un bon nombre de sujets dans cet article. Bonne lecture !

Description des pucerons

Les pucerons sont de petits insectes mesurant de 1 à 4 mm de la famille des Aphidoidea. Ils ont un corps mou et disposent de longues antennes. Leur couleur est très variable, blanc, rose, vert, noir, brun, gris, jaune, violet, bigarré etc. Ils rentrent dans la catégorie des piqueurs-suceurs (au même titre que le moustique). Leurs pièces buccales sont appelées des stylets, ils permettent de percer les tissus de la plante jusqu’aux vaisseaux phloémiens afin d’y prélever leur nourriture, la sève élaborée. Ils injectent en contrepartie de la salive pour empêcher la cicatrisation des vaisseaux. Cette salive, nous le verrons plus loin, peut transmettre des viroses.

Leurs déjections, le miellat, est très recherché par les fourmis, qui s’en nourrissent. Ce miellat est riche en nutriments dont en sucres, c’est ce qui attire les fourmis. Mais il contient également des composés secondaires qui donnent de précieuses informations aux guêpes parasitoïdes. Nous allons y revenir également.

Pour simplifier, il y a deux types de femelles chez les pucerons, les sexuées et les parthénogénétiques. Les premières sont ovipares, les secondes vivipares. Les femelles parthénogénétiques n’ont pas besoin de s’accoupler ni d’être fécondées pour donner naissance à de nouveaux pucerons.

Il existe un grand nombre d’espèces en France (environ 700), elles sont en grande partie inféodées à un seul genre botanique mais certaines sont très polyphages.

Dégâts occasionnés

Les plus grosses invasions se font au printemps, quand les pousses sont encore tendres et la sève montante. Les pucerons se retrouvent globalement au niveau des pousses terminales, sur les tiges et feuilles. Les tissus se déforment et se dessèchent, les plantes perdent leur vigueur et peuvent dépérir entièrement. Sur les fruitiers et les arbres ils peuvent provoquer des excroissances et des tumeurs sur les rameaux.

Au potager, la fève, semée en automne, subit souvent la première attaque virulente au début du printemps. À cette période, les auxiliaires ne sont pas encore assez nombreux pour réguler les invasions de pucerons efficacement. De nombreuses autres plantes potagères et fruitières et fleurs subissent ensuite les attaques de ces aphidiens : artichauts, choux, capucines, petits pois, laitues, betteraves, rosiers, pêchers, pommiers, capucines etc.

Transmission de virus

Comme nous l’avons vu ci-dessus les pucerons peuvent être vecteurs de virus, qu’ils transmettent aux plantes avec leur salive qu’ils injectent dans les tissus. S’il s’agit d’une plante annuelle ce n’est pas bien grave, il faudra simplement veiller à supprimer les plantes atteintes et surtout ne pas récolter de semences. En effet certaines viroses sont transmissibles par les semences. En ce qui concerne les plantes ornementales, l’incidence peut se révéler plus grave à long terme.

Au potager, de nombreuses viroses peuvent ainsi être transmises par les pucerons

  • Le virus de la mosaïque du concombre ou CMV (Cucumber Mosaic Virus) peut ainsi toucher les Cucurbitacées mais aussi les haricots, betteraves, épinards et céleris. Les espèces de pucerons comme Aphis gossypii, A. craccivora, A. fabae,  Myzus persicae sont des vecteurs potentiels du CMV.
  • Le virus Y de la pomme de terre ou PVY (Potato virus Y) est une grave maladie qui touche les Solanacées : aubergine, poivron et piment, pomme de terre et tomate. Plus de 70 espèces de pucerons peuvent transmettre ce virus dont Aphis spiraecola, A. gossypii, A. nasturtii, Myzus persicae.

Découvrez sur le site de l’Inrae, d’autres virus transmis par les pucerons sur les plantes cultivées.

La fumagine

Si les fourmis sont absentes des colonies de pucerons pour collecter les déjections de miellat, alors il y a un risque que la fumagine fasse son apparition. La fumagine est une moisissure qui prend l’aspect d’un feutrage noir sur les feuilles et autres organes végétaux attaqués par les pucerons. On peut surtout l’observer sur des plantes ornementales. L’aspect sanitaire des plantes est alors très déprécié.

Ennemis et amis

Les pucerons ont beaucoup de nombreux ennemis prédateurs et parasites, comme les coccinelles, syrphes, micro-guêpe, guêpes, mais aussi des oiseaux comme les mésanges. Tous ces auxiliaires sont très efficaces pour lutter contre les pucerons. Mais ces derniers savent aussi compter sur la protection des fourmis, lesquelles ne comptent pas partager le précieux miellat.

Les auxiliaires

De nombreuses espèces de coccinelles sont des prédatrices spécialisées dans les pucerons. Elles sont même qualifiées d’aphidiphages, pour leur régime alimentaire très orienté sur les pucerons. C’est bien entendu le cas de la coccinelle à sept points, mais aussi de l’Adalie à deux points, de la coccinelle asiatique etc. Ces coccinelles aphidiphages consomment beaucoup de pucerons dès leur troisième et quatrième stades larvaires, mais aussi une fois adultes.

Les chrysopes, hémérobes, cécidomyies et les syrphes sont d’autres prédateurs de pucerons, mais uniquement a leur stade larvaire.

Les micro-guêpes parasitoïdes ne sont pas des prédateurs à l’instar des coccinelles, mais des parasites. Les femelles vont repérer les plantes qui les intéressent et étudier le miellat des pucerons. Si cela lui convient alors la micro-guêpe pond un œuf dans l’abdomen d’un puceron. Lorsqu’il est attaqué, le puceron peut avoir un mouvement brusque pour tenter de déloger son ennemi, mais généralement la micro-guêpe est bien trop rapide.

Les fourmis

Les fourmis entretiennent une relation mutualiste avec les pucerons. Non seulement elles prélèvent le miellat qu’elles rapportent dans la fourmilière, mais elles protègent également les pucerons de leurs prédateurs. Ainsi, si une coccinelle tente de s’approcher d’un peu trop près de cet élevage de pucerons, les fourmis repoussent ou attaquent leurs prédateurs. Il y a toutefois une exception avec la coccinelle magnifique, la prédation de pucerons par ce sosie de la coccinelle à sept points est en effet plus ou moins toléré par les fourmis rousses.

Faut-il traiter ?

Que nous utilisions une préparation ou un produit naturel, un produit de biocontrôle autorisé en Agriculture Biologique, le traitement peut avoir pour but de détruire le ravageur concerné (biocide). mais touche aussi ses prédateurs et donc sa chaîne trophique. Notre action a donc une double conséquence :

  • La première est directe, elle cible les insectes et autres arthropodes prédateurs et parasitoïdes qui se trouvent sur les plantes lors du traitement.Ceux-ci peuvent alors être la seconde cible du traitement.
  • La seconde indirecte, pour les insectes et autres arthropodes prédateurs et parasitoïdes qui survivent, ils se trouvent alors privés de leurs proies ou hôtes

Ainsi si nous éradiquons consciemment les pucerons avec de tels produits, nous touchons également les auxiliaires comme les coccinelles, syrphes, chrysopes puis les araignées, puis les oiseaux etc.

Bien évidemment, si nous agissons sur une ou quelques plantes, cette incidence sera minime.

Il faut avoir conscience que les auxiliaires commencent par réguler les pucerons en douceur puis leur action s’intensifie. Par exemple, pour les coccinelles, les premiers stades larvaires mangent beaucoup moins de pucerons que les deux derniers stades. Lorsqu’elles sont à ces derniers stades, elles deviennent plus mobiles et plus voraces et nettoient méticuleusement l’ensemble de la plante. Un traitement naturel ne sera jamais aussi efficace que les auxiliaires.

Il faut donc savoir patienter et observer attentivement les plantes attaquées avant d’agir avec un quelconque traitement.

Favoriser les auxiliaires

Il est donc bien plus intéressant de favoriser les interactions naturelles en créant un jardin propice au développement et au maintien des auxiliaires. En d’autres mots, si votre jardin est accueillant pour les auxiliaires, alors vous n’aurez que peu de pucerons sur vos plantes cultivées.

Pour cela, il suffit surtout de favoriser la biodiversité et la vie du sol.

L’augmentation de la biodiversité à différentes strates va améliorer l’accès à des sources de nourriture alternatives (nectar, pollen, autres proies) mais aussi va permettre aux insectes d’y trouver un habitât leur permettant de se protéger du soleil en été, des intempéries, de s’accoupler et de pondre etc. Durant l’été, ces plantes fournissent aussi de l’eau aux insectes avec la condensation de la rosée ou avec le phénomène de la guttation chez les herbacées.

De même, un sol vivant, donc avec une bonne activité biologique, accueille davantage d’insectes et d’autres arthropodes. Ceux-ci permettent ainsi de mieux réguler les populations de ravageurs dont évidemment les pucerons.

Les solutions de biocontrôle et mécaniques

Nous venons de voir comment agir pour favoriser la biodiversité et la vie du sol et les actions pour favoriser les auxiliaires eux mêmes. Mais nous pouvons avoir des manières plus ou moins directes.

Déplacer des larves de coccinelles

Le plus simple, et le plus ludique pour les petits et grands enfants, est de chercher des coccinelles, aux stades adulte ou larvaire, puis de les déplacer sur les végétaux envahis de pucerons.

Faites tout de même attention que ce soient bien des coccinelles aphidiphages. Par exemple la coccinelle à 22 points est strictement mycophage, elle n’aura rien à faire de ces pucerons ! Vous trouverez plus facilement la coccinelle à sept points, la coccinelle asiatique et la coccinelle à deux points.

Un autre point à surveiller est si les pucerons ne sont pas protégés par les fourmis. Dans ce cas, optez plutôt pour la méthode suivante, le jet d’eau.

Enfin si vous voyez qu’il y a déjà des coccinelles asiatiques installées, qu’elles soient adultes ou larves, évitez de déposer des coccinelles indigènes. En effet les coccinelles asiatiques sont porteur sain d’un champignon parasite mortel pour les autres coccinelles.

Si vous ne trouvez pas de coccinelles dans votre jardin, regardez dans les orties ou les ronces aux alentours de chez vous.

Un jet d’eau pour les déloger

Voici une action mécanique très simple et sans aucune incidence sur l’environnement. Utilisez un jet d’eau assez puissant pour déloger les pucerons. C’est une solution simple et efficace si les pucerons sont protégés par les fourmis.

Se procurer des auxiliaires de biocontrôle

Il est de plus en plus simple et financièrement raisonnable de se procurer des auxiliaires de biocontrôle. Les entreprises qui en vendent aux particuliers se concentrent principalement sur des espèces indigènes. Ainsi, il est aussi plus facile de cibler les espèces d’auxiliaires en fonction des plantes attaquées au jardin. Par exemple :

  • La coccinelle à sept points est efficace contre les pucerons des plantes potagères
  • La coccinelle à deux points est préférable contre les pucerons des fruitiers

Les traitements naturels

En dernier recours il est possible d’utiliser des traitements naturels comme la macération huileuse d’ail ou le savon noir. Je conseille d’utiliser l’une ou l’autre des méthodes, seulement si les auxiliaires n’ont pas eu le temps de commencer à réguler les pucerons. Donc, inspectez bien vos plantes, regardez s’il n’y a pas des pontes de coccinelles, de chrysopes ou d’autres prédateurs, ou bien des larves de ces insectes.

La macération huileuse d’ail

La macération huileuse d’ail est une recette naturelle très efficace contre divers insectes ravageurs du jardin comme la mouche de l’oignon, les acariens et bien entendu les pucerons. De même que certaines maladies cryptogamiques peuvent être stoppées avec cette préparation.

Pour préparer cette macération vous pouvez utiliser un mixeur pour broyer l’ail et une passoire fine ou un chinois pour l’étape de filtration. Si vous n’avez pas ces ustensiles, vous trouverez de bonnes références sur https://journaldecuisson.com.

Voici la recette :

  • Broyez 100 g d’ail au mixeur et mettez-le dans un saladier ;
  • ajoutez 2 cuillères à soupe d’huile d’olive, mélangez bien, puis laissez macérer pendant 12 heures à température ambiante ;
  • filtrez et pressez dans une passoire fine ou un chinois en ajoutant progressivement un litre d’eau ;
  • patientez encore une semaine pour une macération optimale.

Il ne reste plus qu’à pulvériser cette macération diluée à 5%. C’est-à-dire 50 mL de macérat d’ail + 950 mL d’eau.

Ce macérat se conserve pendant un an sans problème. Vous pouvez ainsi le préparer au printemps avec les vieilles gousses d’ail récoltées l’été précédent.

Le savon noir

Pour utiliser ce traitement diluez dans 1L d’eau tiédie, 3 cuillerées à soupe de savon noir liquide ou 20 g de savon noir mou en pâte. L’eau chaude aide à mieux dissoudre le savon noir en pâte. Utilisez bien du savon noir biodégradable comme celui de la marque Briochin. Il suffit ensuite de pulvériser les colonies de pucerons avec cette solution.

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