Engrais verts d’automne – Produire du paillis

Potager Biologique

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Je ne sais pas vous, mais moi je trouve que les potagers durant l’hiver sont globalement tristes. Ayant un potager dans une association de jardins familiaux, je vois énormément de terres retournées à l’automne, c’est la page blanche avant le retour du printemps. Pour le sol et sa faune c’est un vrai désastre. Perte de structure et de fertilité, érosion, croûte de battance, diminution de la pédofaune.

Quelles solutions à ces problèmes ?

Une bonne alternative est de mulcher généreusement à l’automne (feuilles, paille, foin etc…), ainsi durant tout l’hiver la faune va travailler et incorporer cette matière organique au sol. Une autre bonne pratique est l’utilisation d’engrais verts ou de couverts végétaux. A savoir : Pour une découverte des engrais verts je vous recommande de lire cet article sur les engrais verts de printemps.

S’ils sont gélifs ils vont mourir avec le froid laissant de la matière organique à consommer par la faune dans et sur le sol.
S’ils ne sont pas gélifs, ils vont continuer à produire de la biomasse que l’on pourra utiliser au printemps. C’est à ces engrais verts que nous allons nous intéresser dans cet article.

En effet ces couverts vont produire de la biomasse durant la période automale, feront une pause durant l’hiver puis reprendront leur croissance en sortie d’hiver. Vous aurez un potager vert (ou blanc) même pendant l’hiver !
De quoi disposer de matière organique pour mulcher des parcelles au printemps. Attention toutefois de laisser le sol se réchauffer suffisamment avant de pailler car toutes les parcelles ne sont pas à pailler au printemps.

On peut aussi retirer ces couverts végétaux pour mettre à disposition les premières planches de culture pour les semis et plantations. Durant plusieurs mois ils auront améliorés la structure du sol et recyclés les éléments nutritifs, donc générés moins de pollution par lessivage !

Cette thématique des couverts végétaux est tellement riche et passionnante que j’ai décidé de fractionner en sept thématiques (donc sept articles ! ) :

  • Maintien et amélioration de la structure du sol (protéger de l’érosion, recycler les matières organiques, décompacter)
  • Amélioration la fertilité du sol (par des légumineuses)
  • Contrôler les maladies et ravageurs
  • Contrôler la végétation spontanée (adventices)
  • Attirer les auxiliaires aériens et la faune du sol
  • Produire de la biomasse (pour pailler, mulcher, même produire du fourrage ou de la litière si vous avez des animaux)
  • Produire des graines (c’est pas le premier but des EV mais c’est possible pour faire des économies)

Nous allons nous intéresser ici à trois céréales à semer dès l’automne afin de produire de la paille pour le printemps. Notez que ces espèces cultivées peuvent évidemment couvrir plusieurs fonctions parmi celles citées ci dessus.

L’avoine

Présentation de l’avoine

L’avoine est une plante dont le système racinaire fasciculé (racines très nombreuses) et profond améliore la structure du sol et aide à rendre disponible les réserves insolubles du sol. C’est une céréale à paille (et à grains) qui produit une bonne quantité de biomasse.

Commençons par décrire les différents types d’avoine. Il existe de nombreuses variétés, mais on distingue surtout deux espèces, l’avoine nue (Avena veda) et l’avoine vêtue (Avena sativa).

Concernant l’avoine vêtue on va distinguer trois types selon la couleur de l’enveloppe qui entoure le grain, l’avoine noire qui est surtout cultivée en France pour l’alimentation des chevaux, l’avoine jaune et l’avoine blanche. L’avoine nue, quant à elle, à une amande claire et n’a pas d’enveloppe (d’où son nom) et est cultivée pour l’alimentation humaine et animale. A cela s’ajoute des variétés d’hiver et de printemps pour les deux espèces.

Laquelle choisir en engrais vert pour le jardin ?

Et bien je vous conseillerais d’en cultiver plusieurs pour voir laquelle se plait le mieux mais en tant que particulier vous n’aurez pas beaucoup le choix, à moins d’avoir des connaissances chez des agriculteurs qui en cultivent pour récupérer quelques graines.

Chez mes semenciers préférés vous en trouverez chez le Biaugerme (avoine nue; avoine vêtue noire), Germinance (avoine nue ou en mélange avec du seigle du blé et de la vesce) ou Grainesdelpais (avoine nue et avoine vêtue noire en mélange avec de la vesce).

Vous aurez surtout le choix entre de l’avoine nue et de l’avoine vêtue noire

En pratique, comment cultiver l’avoine ?

Semez la à l’automne, seule ou en mélange. Vous compterez 120g de graines pour ensemencer 10 m².

L’avoine est sensible au froid, jusqu’à -4°C à -6°C, elle est plutôt à cultiver dans des régions à hiver doux. Sauf si vous souhaitez qu’elle meure et se décompose avec le froid

Le seigle

Présentation du seigle

Voici une autre céréale à paille qui se contente de peu pour produire une forte biomasse à la sortie de l’hiver. Elle résiste bien mieux que l’avoine aux gelées et en fait donc un couvert plus adapté en régions froides. Elle produit aussi plus de biomasse que l’avoine.

Le seigle élimine les adventices en les concurrençant (plus un effet allélopathique négatif) et a également des propriétés nématicides.

Il existe de nombreuses variétés, que ce soit en seigle d’hiver, de printemps, alternatives. Cette fois encore le choix sera plutôt limité pour le particulier, vous pourrez en trouver chez les trois semenciers cités ci-dessus.

En pratique, comment cultiver le seigle ?

Le semis se fait à partir du mois d’août jusqu’à novembre, seul ou en mélange avec de la vesce. Vous compterez 100g de graines pour ensemencer 10 m².

Il est courant d’associer sa culture avec une légumineuse (vesce, luzerne, trèfle) qui captera en plus l’azote atmosphérique.

Le seigle sera à arracher avant la formation des épis (sauf si vous voulez en garder un peu pour faire vos semences).

Le blé

Présentation du blé

Certainement la céréale la plus connue, tous le monde connait le blé. Mais qui l’utilise en engrais vert ? Comme les deux autres couverts le blé développe un système racinaire fasciculé améliorant la structure du sol pendant l’hiver.

Grainedelpais propose trois variétés de blé, « Bladette de Puylaurens », « Rouge de Bordeaux », dont les pailles sont très hautes et permettent de produire une bonne quantité de biomasse. La troisième est « De Khorasan », un blé asiatique.

En pratique, comment cultiver le blé ?

Les semis d’automne se font d’octobre à décembre. A semer seul ou à associer avec une légumineuse (vesce de cerdagne, vesce d’hiver)

Associer ces trois céréales

On peut évidemment associer une légumineuse à chacune de ces céréales.

La vesce d’hiver résiste bien au froid. Sa culture permettra en plus de capter l’azote atmosphérique dans les nodosités racinaires.

Plutôt que de vous fournir un paquet de chaque céréale et de faire vos mélanges sachez que Germinance commercialise un mélange comprenant ces trois céréales et de la vesce.

Quand couper ces couverts végétaux ?

Ne perdons pas de vue l’objectif de l’article, produire de la paille, on va couper le plus tard possible mais il faut éviter qu’elles montent en graine. Par contre les pailles seront encore vertes quand elles seront coupées.

En règle général on coupe ou on broie au minimum un mois avant la culture à mettre en place. Par contre si on arrache l’engrais vert on peut planter directement après l’arrachage.

Dans le cas de ces céréales plus on coupe tard et plus le rapport C/N des pailles va être élevé, pouvant provoquer une faim d’azote si on l’intègre au sol. A l’inverse, coupé plus tôt ce rapport sera plus faible, donc plus dynamisant si intégré au sol. Je préfère maintenant ne pas incorporer l’engrais vert au sol.

Conclusion et pour aller plus loin

J’espère que vous avez apprécié cet article et que ça vous aura donné l’envie de semer des engrais verts cet automne. N’ayant actuellement pas de photos de ces engrais verts j’en prendrais cette année et l’année prochaine pour illustrer cet article, que ce soit plus parlant et agréable !

Si vous êtes un lecteur récurrent de ce blog, vous connaissez probablement Nicolas du blog potagerdurable, il a notamment écrit la méthode anti-mildiou. J’aime beaucoup ce qu’il fait et je n’hésite jamais à recommander son travail qui est toujours de qualité. Dernièrement, Nicolas a sorti une formation pratique aux formats vidéos et documents écrits, le titre est « Comment obtenir une bonne terre au potager ?« . Et devinez quoi, à la base de cette méthode on retrouve… l’utilisation des engrais verts ! N’hésitez pas à découvrir sa méthode vraiment pratique !

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