Le fumier est utilisé en agriculture depuis la nuit des temps.
Et de nombreux jardiniers amateurs reproduisent ce schéma. Mais je constate souvent que le fumier est alors utilisé sans discernement.
Essayons d'y voir plus clair...
Qu'est-ce que le fumier ?
Le fumier est un matériau issu d'élevages agricoles ou familiaux. Il est constitué de 2 matériaux distincts :
- Les déjections animales qui sont riches en azote et divers oligo-éléments et qui favorisent donc le développement des plantes ;
- La paille, ou un autre matériau fibreux utilisé en litière. De par sa teneur en carbone, ce matériau produira l'essentiel de l'humus issu du fumier.
Intérêts du fumier
Le fumier est un amendement, dont le rôle est d'améliorer le sol et de permettre ainsi un meilleur développement des plantes cultivées (par opposition aux engrais qui ont pour objectif de nourrir directement les plantes).
Concrètement, il enrichit la terre en humus stable, dont les intérêts sont multiples :
- il constitue un support de culture riche et équilibré ;
il rend la terre plus perméable et plus facile à travailler ; - il améliore la structure du sol en allégeant les terres lourdes (fumier de cheval) et en donnant plus de corps aux terres légères (fumier de vache) ;
- il contribue à rendre le sol plus riche en micro-organismes et autres vers de terre.
Les différents types de fumier
Chaque fumier a des caractéristiques différentes. Dans l'idéal, on choisira donc l'un ou l'autre en fonction de l'état de son sol, de la période d'apport et des besoins particuliers des plantes cultivés.
Le fumier de vache
Le fumier de vache et autres bovins est un fumier froid, lourd, humide et compact.
Il donnera plus de corps aux terres légères et leur conférera une certaine fraîcheur (intéressant pour les chaleurs estivales).
Le fumier de chevaux, d’ânes ou de mulets
Le fumier équin est un matériau chaud et léger. Il est idéal pour les terres lourdes qu'il allégera et réchauffera.
Du fait de sa rapide et forte montée en température, on utilisera également ce type de fumier pour la constitution des couches chaudes.
Le fumier de moutons ou de chèvres
Les fumiers ovins sont secs, chauds et particulièrement riches en potasse (ils sont donc notamment intéressants pour les légumes-fruits).
Ils doivent impérativement être compostés car ils risquent de brûler les racines.
Le fumier de porcs
Le fumier de porc n'est en général pas recommandé, car extrêmement froid.
Toutefois, mélangé à d'autres fumiers ou intégré à un compost végétal, il sera intéressant pour fertiliser les courges ou les concombres.
Le fumier de volailles
Le fumier de volailles est très chaud et particulièrement riche en azote (il doit donc être utilisé avec précautions : risques de brûlures des plantes) et en potasse.
Pauvre en humus, il est plutôt considéré comme un engrais qui pourra être utilisé pour booster les plantes à croissance rapide. Mais, de préférence, on l'intégrera au compost.
Le fumier de lapins
Il améliore les sol légers. Vous pouvez l'utiliser au moment du bêchage de votre terrain.
S'il est parfaitement décomposé, épandez-le en fine couche sur la terre, ce qui ne pourra que l'améliorer.
Les apports de fumier
Le fumier peut être utilisé de différentes façons :
En compost
D'une manière général, il est préférable de composter le fumier, car il contient des germes pathogènes et des graines d'adventices qui ne demandent qu’à germer.
Il peut être composté seul, mais le mieux est de le mélanger avec d'autres matériaux végétaux (compost plus équilibré).
Outre la quantité de matières organiques supplémentaires, il aidera le compost à chauffer plus vite et accélérera ainsi le processus de décomposition.
Pour son utilisation, voir la voir la fiche compost.
Épandu sur les terres
Il est également possible d'utiliser le fumier comme amendement, pour améliorer un sol (voir plus haut les caractéristiques des différents fumiers).
A l'automne, épandre le fumier, à raison de 100 à 300 kg pour 100 m2, sur une terre grossièrement travaillée, et laisser en surface car le fumier a besoin d'oxygène pour se décomposer.
Quelques semaines plus tard (donc en hiver), le fumier pourra (mais ce n'est pas obligatoire comme nous allons le voir un peu plus bas) être intégré superficiellement au sol (pas trop profond car l'oxygène est encore indispensable) par un léger griffage.
Avant de l'intégrer au sol, veillez à ce que le fumier soit suffisamment décomposé, sans quoi vous pourriez avoir pas mal de souci de larves parasitaires (taupins, vers blancs tipules...)
De même, s'il est insuffisamment décomposé lors de son intégration au sol,les micro-organismes chargés de le décomposer auront besoin de beaucoup plus d’azote, qu’ils puiseront dans les réserves du sol, au détriment des cultures.
Une approche, plus "perma-culturelle" est possible. Elle est moins risquée et, selon moi, préférable : on laisse le fumier en surface puis, au printemps, on le recouvre de divers matières plus ou moins ligneuses. On continuera ensuite à pailler régulièrement par dessus avec pour objectif une couverture permanente du sol. En procédant ainsi, on pourra s'inscrire dans une pratique de jardinage sans travail du sol (en fait, on laisse les vers de terre travailler pour nous...)
Intégré à des buttes vivantes
Le fumier est un matériau très intéressant pour la constitution de buttes vivantes.
Pour la constitution de couches chaudes
Utilisez du fumier frais de cheval pour constituer vos couches chaudes (voir ici).
Comme d'habitude, vos remarques, questions ou partages d'expérience sont bienvenus. Utilisez les commentaires ci-dessous...
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