Le jardinage se doit aujourd'hui d'être respectueux de la nature et le moins invasif possible. Découvrez les bons réflexes à adopter pour un jardin en bonne santé dans le respect de la biodiversité.
Observer, réguler
De nos jours, autant opter pour un jardinage le plus naturel et le moins invasif possible. Prenez l’habitude d’observer votre jardin, et adoptez les méthodes naturellement respectueuses de l’environnement, qui visent non pas à éradiquer, mais à réguler les ravageurs du jardin. Des ravageurs essentiels au bon développement de l’écosystème du jardin.
Pour un jardin sain, commencez par raisonner différemment :
- Ne plus penser « éradiquer », mais « réguler » les ravageurs.
- Ne plus penser « soigner » et/ou « lutter », mais « prévenir » les dégâts au jardin.
Traiter en dernier recours, avec modération
En dernier ressort, si malgré les bons conseils donnés dans cet article les nuisibles demeurent trop nombreux, la survie de vos plantes imposera peut-être l’utilisation de produits phytosanitaires. Veillez alors à utiliser ces produits avec modération, en respectant scrupuleusement le mode d’emploi porté sur l’étiquette. Et pour respecter au mieux l’environnement, faites la distinction entre les produits à base de matières actives d’origine naturelle et les produits « chimiques ». Préférez des produits dits « naturels », « utilisables en agriculture biologique* » et « sans classement toxicologique ».
Favoriser le développement des auxiliaires
Par auxiliaires, on entend ces insectes ou animaux utiles comme les coccinelles, chrysopes, lézards, abeilles maçonnes et sauvages, guêpes solitaires, etc. Encourager leur développement est une bonne façon de préserver la biodiversité. Faites de votre jardin une oasis de bien-être en installant des abris adaptés. Un simple tas de feuilles, de branchages ou de pierres peut s’avérer très utile et permet leur nidification et hibernation.
Diversifiez les plantations
Veillez aussi à diversifier les plantes (cosmos, trèfles violets, capucines, menthes, etc.). N'oubliez pas les plantes entomophiles qui permettent la pollinisation par les abeilles et les papillons. Pensez également à planter diverses espèces de fleurs autour de votre potager, pour attirer les auxiliaires utiles qui apporteront une protection naturelle à votre potager. Parmi ces fleurs, intégrez des "plantes-appâts", comme les fèves qui attirent les pucerons. Ils raffolent de cette plante et laisseront vos autres plantes en paix. De plus, la concentration de pucerons attirera à son tour les auxiliaires, telles les coccinelles, les chrysopes, etc. Vous avez également la possibilité d'intégrer des plantes répulsives comme les soucis qui repoussent les pucerons ou la bourrache contre les limaces et escargots et qui de surcroît attirent les abeilles et les chrysopes. Des plates-bandes fleuries et des haies seront les bienvenues ; l'idéal est d’avoir des fleurs en toutes saisons.
Vous avez dit limace ?
Vous ne les voyez peut-être pas encore, mais elles arrivent. Un hiver doux s'avère idéal pour l'éclosion des œufs pondus à l’automne. Sachant qu'une limace est hermaphrodite et qu'elle peut pondre plus de 200 œufs avec 2 générations par an, mieux vaut être prudent ! Dès les premiers dégâts visibles, si ses redoutables prédateurs tels que les hérissons, les carabes dorés ou encore les mésanges se font attendre ou ne sont pas assez efficaces, vous pourrez lutter contre les limaces et les escargots qui ravagent votre potager avec un anti-limaces. Préférez un molluscicide à base d’une matière active naturellement présente dans le sol : le phosphate ferrique, composant du Ferramol® (homologué depuis 2003 en France, utilisable en agriculture biologique* et sans classement toxicologique). Vous préserverez ainsi les autres animaux du jardin.
Petite philosophie du jardin
Sans pucerons, pas de coccinelles, ni de guêpes solitaires, ni de papillons ou de chrysopes. De même sans limaces, pas de hérissons ni de taupes. Apprenez à voir le bon côté des « mal-aimés » qui sont bien souvent des auxiliaires au jardin. Ainsi la chauve-souris, dont les petites ailes de Dracula et la vie nocturne nous effraient bien souvent, est une redoutable prédatrice des papillons de nuit comme les carpocapses, qui font tellement de dégâts sur les fruitiers ! Les perce-oreilles s’alimentent en partie de cochenilles. Quant aux crapauds, ils se nourrissent de fourmis et d’insectes nuisibles comme les moustiques. La grenouille rousse se nourrit de vers, de limaces et autres insectes. Les musaraignes, plus gourmandes, ont un régime alimentaire à base de limaces, escargots et autres insectes. Tout comme la taupe, qui se nourrit de limaces, de vers blancs et de cochenilles : contrairement aux idées reçues, elle ne détruit pas de végétaux.
Le piégeage : un complément incontournable
Pour jardiner au naturel, prévenir se révèle une approche efficace et responsable. Ainsi, le piégeage constitue un complément naturel du recours aux auxiliaires.
Protégez vos arbres fruitiers des chenilles et fourmis à l’aide de colliers de bandes engluées afin de leur couper la route. Le badigeon à base de chaux offre une autre alternative pour barrer le chemin des insectes rampants. Il rendra en outre vos arbres plus résistants aux attaques extérieures.
Anticipez et régulez la pondaison des carpocapses sur vos arbres fruitiers, avec des pièges à phéromones, sans insecticide. Les pièges à phéromones piègent les papillons mâles qui resteront collés. La fécondation des femelles est ainsi empêchée. Vous pouvez déterminer l’infestation en fonction du nombre de papillons capturés par ces pièges. Au-delà de 5 par semaine, on considère l'infestation comme forte. Utilisez alors des pièges à phéromones en combinaison avec un insecticide à base de matière naturelle et utilisable en agriculture biologique*.
Poser les pièges au bon moment
Lorsque vous apercevez les dégâts sur vos pommes ou vos poires, il est déjà trop tard ! Ce sont les œufs pondus sur les fruits qui libèrent des larves, lesquelles s’introduisent dans les fruits pour y former des galeries. D'où la nécessité de piéger les papillons AVANT la ponte...
Prévention rime avec entretien
La prévention vaut aussi contre les intempéries et les maladies. Prendre soins de ses arbres, à commencer par les soins d’après taille, est une étape primordiale. Après un hiver clément, les bactéries et les ravageurs vecteurs des maladies sont nombreux. Le mastic à cicatriser forme une barrière naturelle à même de contenir les attaques sur les plaies de coupe.
Par ailleurs, vous avez la possibilité de protéger vos cultures en réalisant diverses préparations traditionnelles ou en les achetant prêtes à l’emploi dans les magasins. On pense aux purins d’orties, de prêles, de fougères ou encore de consoudes.
Prévention rime aussi avec entretien. Un secret ? Avoir de belles floraisons et de bonnes fructifications passe par l’entretien du sol. Au potager comme au jardin avant tout traitement ou apport, pensez à tester le pH de votre sol et réaliser des apports si nécessaire. Apporter de la chaux en cas de pH bas (sols acides) ou au contraire du sable et des amendements organiques (pH élevé, sols alcalins).
Au potager
Du côté du potager, favorisez la rotation des cultures. Evitez de cultiver deux années de suite une même espèce au même endroit, de manière à favoriser le maintien d’un équilibre et garder un sol riche en micro-organismes et autres éléments nutritifs. Cette ronde constitue également une prévention efficace et naturelle contre les maladies et parasites.
Pour renforcer et nourrir vos cultures, optez pour des engrais organiques, qui respectent le cycle biologique des plantes. Préférez toujours des produits utilisables en agriculture biologique. Assurez-vous que le dosage N-P-K est adapté à l'utilisation envisagée. A la plantation, privilégiez les formules enrichies en mycorhizes : c'est la garantie d'un bon enracinement, gage d'une croissance saine et de récoltes abondantes.
* Conformément au règlement CE n° 834/2007
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